mercredi 10 octobre 2007

Les ames solitaires
























































Lorsque deux ames solitaires se rencontrent, nul besoin de mots pour qu'elles se rendent compte, qu'il leur suffit de s'assembler, pour enfin ne plus trembler, de mettre leur solitude en parallele, le temps de quelques battements d'ailes.

C'est ainsi qu'a Irkoutsk, je partageai quelques moments avec Anna, voyageuse solitaire suedoise de mon age dont le moral n'etait pas au mieux depuis quelques jours. Puis ce fut Leila, polynesienne francaise d'une quarantaine d'annees. Puis Jim, anglais du meme age que moi et grand buveur de biere (et accessoirement obsede par la position de ses cheveux sur son front et sans cesse en train de les remettre!).

Enfin, sur l'ile d'Olkhon, je retrouvai Matthias, allemand d'environ 55 ans, grand voyageur polyglotte (pas moins de 7 langues couramment parlees a son actif dont le russe et le francais). il a fui son travail d'orthodontiste/chercheur/professeur a l"universite il y a un an car ce travail lui avait pris toute son energie et tout son temps depuis plus de trente ans, a tel point qu'il a fini par faire un "black out" comme il le dit si bien et par tout quitter pour voyager et tenter de retrouver sa force et son energie et surtout le sens qu'il veut donner a sa vie.

Je partageai ainsi mon sejour a Olkhon avec lui: longue promenade au bord du lac tout un apres-midi, sur la plage, a travers champs et taiga; puis excursion en jeep vers le nord de l'ile, et autres promenades diverses,...
En etant deja a plusieurs mois de voyage en solitaire, il recherchait beaucoup la compagnie des autres, tandis que moi, bien au contraire, n'en etant qu'au debut de mon periple et ayant passe ces premieres semaines tres entouree, je cherchais plutot a m'isoler...

Je prenais ainsi un grand plaisir a me promener seule pendant des heures au coucher du soleil sur ces falaises escarpees et a avaler de grandes bouffees de se vent si frais emprunt d'une forte odeur de liberte...
Et c'est avec un immense bonheur egalement, que j'allais m'enfermer dans ma petite chambre en bois apres le diner. Apres avoir attise le feu dans la cheminee, je restais des heures allongee, a ecrire ou a penser (comme j'aime tant le faire depuis toujours). Musique dans les conduits auditifs, je laissais mon esprit vagabonder dans le labyrinthe de mes pensees. Il se perdait parfois, trebuchait sur un obstacle, rebondissait sur un autre. D'autres fois, sa promenade etait bien plus ordonnee, suite de reflexions logiques, l'emmenant toujours a un point de plus en plus precis, a une conclusion de plus en plus affinee. Ouverture des poupees les unes apres les autres. Poupees de plus en plus petites: ma pensee se debarrasse de toutes ses fioritures, de toute sa graisse superflue. Elle s'affine jusqu'a arriver a son plus simple appareil, reduite a l'essentiel: la plus petite poupee. Systeme de reflection eprouve depuis quelques annees, systeme des poupees russes.

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