jeudi 11 octobre 2007

Les dates de peremption

La Russie m'aura au moins appris une chose: toujours regarder les dates de peremption lorsque l'on va au supermarche! Chose que je ne faisais jamais. Mais la, je me suis retrouvee, a manger des aliments perimes, depuis parfois pres d'une annee! (Rassurez vous, mon intestin n'a pas trop fait la moue)

A propos de supermarche, aujourd'hui, j'ai enfin trouve celui du quartier (c'est pas toujours evident quand tout est ecrit en cyrillique), j'en ai donc profiter pour faire des provisions pour plusieurs jours et en suis ressortie avec pres de 500 roubles (15 euros) d'aliments dans mon cadis, soit 1/6 du salaire d'un professeur russe.
J'en suis donc ressortie completement indignee et me suis donc demandee, comment les gens font-ils pour se payer a manger avec des prix si eleves (en comparaison avec leurs revenus)????

Etrange pays que la Russie ou tout semble marcher a l'envers:

Les chauffeurs de taxis, qui n'ont pas eu besoin de faire d'etudes, gagnent beaucoup mieux leur vie que les professeurs et les medecins (ces deux professions n'etant pas du tout considerees dans ce pays).

Oksana, par exemple, enseignante de francais qui a accepte de m'accueillir pendant ses cours, gagne 2000 roubles pour les cours qu'elle donne a l'ecole (elle n'en donne pas beaucoup car le francais n'a plus beaucoup la cote dans les ecoles). Ne pouvant pas vivre avec des revenus si faibles, elle cumule d'autres petits emplois: cours prives a domicile, et encore d'autres cours au centre linguistique (structure privee). Et ensuite, le soir, elle doit encore s'occuper du menage, de la cuisine et de sa fille...

Roman (enseignant-stagiaire qui m'a invite dans ses classes), quant a lui, est encore etudiant. Il est en 5eme anne a "l'universite de linguistique" et passera des examens a la fin de l'annee pour devenir professeur de francais et d'anglais. Mais il m'a avoue qu'il n'avait pas l'intention d'exercer cette profession car elle est trop peu remuneree et qu'actuellement, avec son job d'etudiant a mi-temps dans une papeterie, il gagne deja beaucoup mieux sa vie!

Incroyable mais vrai...
Peut-etre que bientot les russes iront au supermarche en marchant sur les mains, qui sait?

Un autographe s'il vous plait!

Le phenomene avait deja commence a Novossibirsk, il continue encore ici a Irkoutsk!
A chaque arrivee dans une nouvelle ecole, dans une nouvelle classe, des que les enfants apprennent que je suis une "francoujenka", ils se ruent vers le bureau avec leur cahier ou un bout de papier et agitent leur stylo pour me demander un petit mot!
et des qu'ils ont obtenu un petit gribouilli avec mon nom et mon prenom, ils repartent en sautillant et semblent etre tout contents!
j'ai beau leur expliquer que je ne suis pas une star, ni une chanteuse, ni une actrice, ni quoi que ce soit, peu importe, ils sont contents! (et je dois dire que c'est assez amusant!)

Premieres neiges


Mercredi 10 octobre:
Ce matin, les chapeaux de fourrure sont de sortie. Le thermometre est descendu en dessous de zero et une fine pellicule de neige recouvre les trottoirs!

118 pays pour Papy et Mamie hyppies!


Entre mes interventions dans les cours de francais d'Oksana a l'ecole 47 d'Irkoutsk, celles dans les cours de francais de Roman dans l'ecole 44 et les longues heures que je passe au cyber cafe, il me reste encore un peu de temps pour discuter avec les gens de passage a l'auberge de jeunesse ou je loge.

Al et Louie, par exemple, couple de sexageneres canadiens, qui ont travaille dur pendant une dizaine d'annees pour mettre des sous de cote puis qui ont tout arreter pour partir a l'aventure... Depuis 1989, ils ont ainsi fait un tour du monde a velo, puis un autre en combi wolksvagen, et encore de nombreux autres voyages... A plus de 65 ans maintenant, ils continuent a silloner la planete main dans la main.
Quand je les ai rencontre, ils arrivaient tout juste de Mongolie, qui constituait pour eux le 118eme pays visite (sans compter ceux qu'ils ont fait plusieurs fois!).

Couple atypique: cheveux longs, bandeau autour du front et barbe au menton, qui vit une partie de l'annee sur une petite ile a l'Ouest du Canada, puis qui fuit vers leur maison au nord-ouest du Mexique des que l'hiver arrive.

Pendant toute une soiree, assis autour de la table de la cuisine, berces par le tic tac des six horloges qui battent les secondes en decale, nous avons discute et, les yeux grands ecarquilles, je les ai ecoutes me conter toutes leurs incroyables aventures... Les ours en Alaska, la remontee du Sud-est au Nord-Est en byciclette, le moyen-orient en camionette,...

mercredi 10 octobre 2007

Des sardines a la neige


Dimanche 07 octobre 2007:
Coincee entre un grand russe et la fenetre, en equilibre sur une fesse, le chauffage a fond dans la fourgonette, me voici sur le chemin du retour. Fin de l'escapade apaisante sur l'ile d'Olkhon.
Derniere bouffee d'air frais sur le ferry qui nous ramene sur la terre ferme, pendant que deux russes trinquent gaiement dans leur voiture en chantant "let it be, let it be, let it beeeee, leet it bee".

Dos au conducteur et face a tous les autres voyageurs, j'observe tout ces visages impassibles.
Tout est bon pour me rendre le voyage plus agreable et tenter d'oublier la crampe qui envahit ma fesse gauche.
Quelques notes d'une chanson d'Emir Kusturica dans les oreilles ("Bubamara" d'Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra, extrait de la bande originale du film "Chat Noir, Chat Blanc") et tous les passagers du minibus se transforment en sardines remuant la tete au rythme du cor et du trombone.
Un peu plus loin, par la fenetre, une vache qui se gratte contre un poteau.
Tout est bon pour voir se dessiner sur mes levres un immense sourire.
Le soleil qui chauffe mon visage a travers la vitre.
Une vache qui traverse la route tranquillement et qui, malgre les coups de klaxon du conducteur, continue de prendre tout son temps, pendant que les guitares, le trombone et les violons resonnent dans mes oreilles.
Coup de tambour: un caillou vient de heurter le pare-brise. Rien de grave, la musique continue.
Le rythme de la musique s'accelere.
Le chauffeur augmente la cadence sur les chemins de terre caillouteux.
Ma crampe est de plus en plus forte. Mais rien de grave, la musique continue.
Les paysages defilent a vive allure et toujours cette musique qui continue: montagnes, petits lacs, grandes plaines, steppes, quelques cimetieres bouriates, des statues de bois ornees de centaines de morceaux de tissus, la taiga, un homme a cheval qui suit son troupeau de moutons, encore des vaches, et, surprise, quelques kilometres plus loin, de la neige! Une fine couche blanche recouvre le bord de la route et le sol de la foret. Premieres traces de l'or blanc qui recouvrira toute la siberie d'ici quelques semaines et ce, pendant 6 longs mois. Il me faudra revenir une prochaine fois pour pouvoir voir ca...

Le chat et la souris







Nuits du 05 et du 06 octobre 2007:
Une petite souris grise a elu domicile dans ma chambre si paisible et, la nuit, tente de s'emparer de mes pommes et de mon chocolat en dechirant le sac plastique qui les entoure, m'empechant de dormir par la meme occasion...
Le lendemain, au diner, pour tenter de resoudre ce terrible probleme, ma voisine de palier, une femme russe d'une cinquantaine d'annees, eut une brillante idee:
elle s'empara du chat qui rodait toujours autour de nous pendant que nous mangions, devorant des yeux notre poisson, pour aller l'enfermer dans notre maison...
Une ou deux heures plus tard, nous retrouvions le chat endormi devant la cheminee, n'ayant pas meme senti la moindre odeur de petite souris.
La nuit suivante je fus ainsi, reveillee tours a tours par une petite souris qui tentait tant bien que mal de trouver a manger dans mon sac a dos, puis par un chat affame qui vint gratter a ma porte pour me reclamer a manger mais qui etait, semble-t-il, bien incapable de flairer la souris qui rodait a quelques metres de lui...

Qu'est-ce donc que cette drole d'ile ou les chats ne mangent pas les souris et ou les chiens se promenent par dizaines en liberte et se lient d'amitie avec le premier passant arrive...?

Les ames solitaires
























































Lorsque deux ames solitaires se rencontrent, nul besoin de mots pour qu'elles se rendent compte, qu'il leur suffit de s'assembler, pour enfin ne plus trembler, de mettre leur solitude en parallele, le temps de quelques battements d'ailes.

C'est ainsi qu'a Irkoutsk, je partageai quelques moments avec Anna, voyageuse solitaire suedoise de mon age dont le moral n'etait pas au mieux depuis quelques jours. Puis ce fut Leila, polynesienne francaise d'une quarantaine d'annees. Puis Jim, anglais du meme age que moi et grand buveur de biere (et accessoirement obsede par la position de ses cheveux sur son front et sans cesse en train de les remettre!).

Enfin, sur l'ile d'Olkhon, je retrouvai Matthias, allemand d'environ 55 ans, grand voyageur polyglotte (pas moins de 7 langues couramment parlees a son actif dont le russe et le francais). il a fui son travail d'orthodontiste/chercheur/professeur a l"universite il y a un an car ce travail lui avait pris toute son energie et tout son temps depuis plus de trente ans, a tel point qu'il a fini par faire un "black out" comme il le dit si bien et par tout quitter pour voyager et tenter de retrouver sa force et son energie et surtout le sens qu'il veut donner a sa vie.

Je partageai ainsi mon sejour a Olkhon avec lui: longue promenade au bord du lac tout un apres-midi, sur la plage, a travers champs et taiga; puis excursion en jeep vers le nord de l'ile, et autres promenades diverses,...
En etant deja a plusieurs mois de voyage en solitaire, il recherchait beaucoup la compagnie des autres, tandis que moi, bien au contraire, n'en etant qu'au debut de mon periple et ayant passe ces premieres semaines tres entouree, je cherchais plutot a m'isoler...

Je prenais ainsi un grand plaisir a me promener seule pendant des heures au coucher du soleil sur ces falaises escarpees et a avaler de grandes bouffees de se vent si frais emprunt d'une forte odeur de liberte...
Et c'est avec un immense bonheur egalement, que j'allais m'enfermer dans ma petite chambre en bois apres le diner. Apres avoir attise le feu dans la cheminee, je restais des heures allongee, a ecrire ou a penser (comme j'aime tant le faire depuis toujours). Musique dans les conduits auditifs, je laissais mon esprit vagabonder dans le labyrinthe de mes pensees. Il se perdait parfois, trebuchait sur un obstacle, rebondissait sur un autre. D'autres fois, sa promenade etait bien plus ordonnee, suite de reflexions logiques, l'emmenant toujours a un point de plus en plus precis, a une conclusion de plus en plus affinee. Ouverture des poupees les unes apres les autres. Poupees de plus en plus petites: ma pensee se debarrasse de toutes ses fioritures, de toute sa graisse superflue. Elle s'affine jusqu'a arriver a son plus simple appareil, reduite a l'essentiel: la plus petite poupee. Systeme de reflection eprouve depuis quelques annees, systeme des poupees russes.

Olkhon, ile mystique...














































Jeudi 04 octobre:
6 heures de route dans un minibus pour se rendre a l'ile d'Olkhon. Traversee d'immenses plaines ou seuls des chevaux et des vaches brouttent sous la pluie battante, le froid, le vent et le brouillard.
A 16h, nous arrivons enfin sur l'ile d'Olkhon, veritable bijou situe sur le lac Baikal, lac le plus profond du monde (environ 11 000 metres de profondeur car ce lac est en fait situe sur une faille qui s'elargie "de jour en jour" et devrait finir par former un nouvel ocean d'ici quelques centaines de milliers d'annees...).

A peine arrivee et installee dans ma petite chambre en bois avec cheminee (lieu ideal pour se ressourcer), je m'arme de collants, de pulls, de gants, d'une echarpe et d'un bonnet pour aller affronter le vent glacial et decouvrir un peu cette ile peu banale...

Apres une bonne heure de promenade dans les alentours du village et le long des falaises qui bordent le lac, j'arrive en face de deux grands rochers qui s'avancent sur l'eau. Je decide de m'en approcher et la, a peine arrivee, je me sens envahie par une grande emotion. Sentiment d'immense plenitude face au superbe spectacle de la nature. Moment intense de bonheur, ou j'oscille entre les rires et les pleurs, en observant les nuages changeants a l'autre bout du lac, assise a cote des troncs d'arbres couverts de morceaux de tissus multicolores et des galets assembles en prieres.
La vie est tellement belle lorsque l'on suit le chemin de ses reves.
Peut-etre aurais-je du faire une priere, ou un voeu, a ce moment precis mais le sentiment de plenitude que j'eprouvai a ce moment fut tellement intense que je ne trouvai rien de plus a demander que d'etre aussi epanouie que je l'etais a ce moment precis pour tout le reste de ma vie.

J'appris plus tard, en rentrant de mes trois heures de balade meditative, que l'ile d'Olkhon est consideree comme un des 5 hauts lieux mondiaux du chamanisme, et que les rochers a cote desquels je me trouvais sont les rochers du chaman (les chamans sont des guerisseurs et des guides spirituels, ils jouent des roles tres importants dans la vie des bouriates).

L'ile d'olkhon semble donc etre le lieu reve pour me reposer et me retrouver un peu seule apres ces deux premieres semaines de voyage tres errintantes...

Irkoutsk, 06h30...
















Mardi 02 octobre:
Apres un reveil difficile dans le train, a 5h du matin, me voici enfin arrivee a la gare d'Irkoutsk. Il fait encore nuit, il fait froid et je ne sais pas vraiment ou je suis ni ou je dois aller... Je regarde dans toutes les directions pour trouver l'arret du tramway numero 1, celui qui devrait m'emmener jusqu'a mon auberge de jeunesse. Apres plus de 30 minutes d'hesitation, je monte finalement dans un tramway et avec mes quelques phrases de russes, parvient a demander a un homme si le tramway se dirige bien dans la direction de la rue Lenina. Cet homme adorable me fit comprendre que j'avais pris le tramway dans le mauvais sens et me fit cadeau d'un ticket de tramway pour que je puisse repartir dans l'autre sens...

A 7h30, je finis enfin par arriver devant le batiment ou se trouvait l'auberge. Mais, incapable de trouver la porte d'entree, je finis par prendre mon telephone et par appeler l'auberge. La, une voix encore endormie et, un peu agacee, me repondit "don't you think that it's a little bit early!!!?" (ne pensez vous pas qu'il est un peu tot!!!?). Finalement il m'ouvrit tout de meme la porte mais je dus attendre trois bonnes heures dans la cuisine avant d'avoir un lit (heureusement, j'avais de la compagnie!). Ma premiere journee a irkoutsk ne demarrait donc pas tres bien... mais apres quelques heures de sommeil et un bon bain (que je m'autorisai, grace au bouchon de lavabo que j'eus la brillante idee d'acheter avant mon depart, malgre le panneau "only for showers") tout alla beaucoup mieux!

Premiere decouverte de la ville. Ville aux dimensions plus humaines que Moscou (10 millions d'habitants) et Novossibirsk (1,8 millions d'habitants): 600 000 habitants, avenues moins larges, batiments moins eleves, de nombreuses vieilles maisons en bois foncee et aux contours de fenetres teintes de couleurs vives. Ville, selon moi, beaucoup plus agreable que Novossibirsk.

Autre difference marquante: aux visages occidentaux se melent maintenant de nombreux visages asiatiques. Nous ne sommes plus qu'a quelques centaines de kilometres de la frontiere mongole et dans cette region se trouve une grande population de Bouriates (peuple Mongole vivant dans cette region de la Siberie).

mercredi 3 octobre 2007

arrivee a irkoutsk!

bonjour a tous,

je suis bien arrivee hier matin (mardi 02 octobre) a irkoutsk
je loge dans une auberge de jeunesse tres conviviale (seulement une dizaine de lit) en plein centre ville, ou des voyageurs du monde entier defilent (y compris des francais)! a ma grande surprise, beaucoup de voyageurs en solitaire: en deux jours, j'ai rencontre 6 solitaires: 4 filles/femmes et deux hommes.

je pars demain matin en bus pour l'ile d'olkhon sur le lac baikal (8 ou 9 heures de bus puis ferry) afin de me promener et de me reposer un peu avant les interventions devant des eleves toute la semaine prochaine.

je reviendrai surement dimanche de l'ile (a moins que le lac commence a geler et que je sois obligee d'attendre un ou deux mois que la glace se solidifie pour pouvoir repartir a pieds!!! mais vu le grand soleil et les 20 degres qu'il y a ici depuis deux jours, j'en doute!)

a tres vite

jennifer.

"Morning yearning"







La premiere fois ou j'ai allume ma "machine a musique" (au cours de mon trajet Paris-Moscou), je suis tombee sur cette chanson: "Morning yearning" (que je traduierai par "l'attente d'un jour nouveau") de Ben Harper.




"A finger's touch upon my lips
it's a morning yearning
pull the curtains shut, try to keep it dark
but the sun is burning

the world awakens on the run
and will soon be earning
with hopes of better days to come
it's a morning yearning

another day, another chance to get it right
must i still be learning
baby crying kept us up all night
with her morning yearning

like summer rose, i'm a victim of the fall
but i am soon returning
your love's the warmest place the
sun ever shine
my morning yearning".

Je ne sais pourquoi mais lorsque j'ai charge ma musique sur cet appareil avant mon depart, ce drole d'engin a decide de ne pas prendre la majorite des chansons et des artistes que j'ecoute le plus souvent... par contre, il a pris cette chanson; chanson qu'il a decide de me faire decouvrir des le debut de mon voyage et qui depuis m'accompagne lors de mes trajets en train...
Son rythme lent et ses grandes envolees lyriques s'accordent parfaitement avec le lent defile des troncs d'arbres blancs et des grandes plaines que j'admire par la fenetre. Chaque soir je m'endors dans le train bercee par cette douce melodie, le coeur parfois un peu alourdi par le manque des proches et des amis, mais avec l'assurance que chaque lendemain, chaque leve du soleil sera pour moi un jour nouveau, un jour plein de belles promesses et de nouvelles rencontres.

Wagon sportif











Pendant les 30 heures de train (du dimanche 30 septembre au mardi 02 octobre) qui me separaient d'Irkoutsk, je fis le voyage dans un wagon un peu atypique:

A 22h30, en gare de Novossibirsk, une equipe de jeunes hockeyeurs charges de cross et d'enormes sacs fit irruption sur le quai de la gare. Le wagon dans lequel je voyageais etait donc rempli de ces jeunes patineurs et de leur entraineur.

Les places en "platskart" (wagon non compartimente) ayant toutes ete prises d'assaut, je n'eus pas d'autre choix que de voyager dans un koupe de deux personnes.
Mon voisin, un policier/detective adorable d'une quarantaine d'annees ne parlant que quelques mots d'anglais, m'offrit du chocolat, des beignets a la pomme de terre et du poisson fume ("yazi" achete en gare de Krasnoiarsk et qui a ete peche dans le fleuve Ienessei) que nous avons grignotte tout les deux en buvant une biere russe et en trinquant en l'honneur d'Alain Delon (apparemment l'acteur prefere de mon cher policier!).

Quelques heures plus tard, un footballer professionnel russe, Alexander Rytchkov, qui avait entendu dire qu'il y avait une francaise dans le train, traversa les wagons pour venir me voir. Il a joue pendant un an, en 1996, dans le club de division 1 de Lens (il vint d'ailleurs dans ma cabine avec un vieu magazine du club pour pouvoir me le prouver!) ainsi que dans les clubs de Liege et de Koln. Il vient d'avoir 33 ans et est donc trop vieux a present pour continuer a jouer en temps que professionnel dans les grands clubs. Il continue cependant le foot mais s'est mis egalement au hockey. Nous echangeons nos numeros. Il me fait promettre de l'appeler en cas de probleme a Irkoutsk ou si j'ai besoin d'un guide et d'une voiture. Je l'appelerai si besoin est!

Voyage sportif donc!

Week-end a la russe











Apres une semaine tres chargee donc, j'eus le droit a un week-end typiquement russe!
Au programme:

- Samedi 29 septembre:
* Midi: depart de Bersk en navette avec Irina et Natasha pour rejoindre la "datcha" de Marina.
Les datchas sont de petites maisons en bois, sans l'eau courante, avec toilettes et douche a l'exterieur et grand potager, situees en dehors des villes, ou les russes (qui vivent souvent dans des appartements exigus pendant la semaine) vont se detendre chaque week-end et s'occuper de leur jardin.
* "Liqueur d'accueil" a base de vodka et de cassis du jardin
* Promenade dans la taiga puis au bord de la mer de l'Ob ("mer" cree artificiellement grace a la construction d'un grand barrage sur le fleuve l'Ob par les siberiens, tres desireux d'avoir une mer en Siberie. Ils sont fous ces russes!), puis dans la residence de datchas.
* The accompagne d'un delicieux et immense gateau a la confiture d'abricot, prepare par la mere de Marina.
* Bania: sorte de sauna russe, qui se presente sous forme d'une petite cabane en bois (compartimentee en deux petites pieces) au fond du jardin de la datcha, ou des pierres chauffes sur un poele et sur lesquelles on verse de l'eau chaude avant de s'asseoir tranquillement puis de se fouetter delicatement avec des branches de bouleaux et enfin de se verser un seau d'eau froide dessus (ou de se jetter dans la riviere gelee ou dans la neige, au choix!).
Terriblement agreable et relaxant!
* "Glint Vine" (vin chaud) et barbecue (cuisses de poulet grillees assaisonnees au cury)
* Chants populaires russes et francais.

Tres bonne journee, tres reposante, tres apaisante, exactement ce dont j'avais besoin!

- Dimanche 30 septembre:
* grasse matinee
* petit dejeuner/dejeuner avec pizza faite maison
* supermarche
* patinoire
* the (avec l'eau chaude du "samovar" familial= grande "bouilloir electrique" traditionnelle en fer), toast au vin blanc chinois et gateau a la creme.
* rangement de toutes mes affaires avant de prendre le train qui m'emmenera de Novossibirsk a Irkoutsk...

J'ai passe une semaine et un week-end formidable avec des russes et une famille d'une incroyable generosite et d'une immense bonte... Et je ne suis pas prete de l'oublier.

Apres-midi libres







Voici comment furent occupes mes apres-midi a Novossibirsk:

- Lundi 24 septembre: internet, installation chez Irina et repos.

- Mardi 25 septembre: visite/decouverte d'Akademgorodok organisee pour moi par Marina Anatolievna (adjointe de direction rattachee aux etudes de francais dans l'ecole) et 4 jeunes filles de 9eme parlant plutot bien francais: Irene, Anna, Julie et Lisa.
Akademgorodok est un "quartier" de Novossibirsk (situe a environ 30km du centre ville) qui a ete construit en pleine taiga (foret) selon les desirs d'un savant russe qui souhaitait developper les sciences en Siberie et faire d'Akadem Gorodok un grand pole scientifique de renommee mondiale. C'est ainsi qu'en se promenant sur ses grandes rues rectilignes tracees au milieu de la foret, on decouvre entre les arbres des centaines d'instituts de recherche scientifique (institut de bilogie, de geologie, de physique nucleaire, d'arithmetique, de chimie organique, etc.).
Apres cette promenade, je retrouvai Natasha pour qu'elle m'emmene dans un cafe/restaurant servant des plats typiquement russes.

- Mercredi 26 septembre: Marina et Irina m'emmenerent dans le centre ville de Novossibirsk pour une visite guidee de la ville. C'est ainsi qu'apres un passage par l'Alliance Francaise pour remercier Anna (la jeune femme qui m'a aide a trouver une ecole a Novossibirsk avant mon depart), nous nous promenames (sous la pluie...) dans les rues de Novossibirsk, faisant tantot une halte pour visiter une eglise orthodoxe, tantot une pause pour admirer le grand theatre d'opera et de ballet, tantot un detour pour faire une petite promenade sur les quais du bord de l'Ob, le fleuve qui divise la ville en deux parties.
Je vous avoue que je n'ai pas ete vraiment seduite par la ville de Novossibirsk, peut-etre etait-ce a cause de la pluie, mais tout me semblait gris, froid et betonne!

- Jeudi 27 septembre: epuisee par une succession de mauvaises nuits (a cause de mon gros rhume) et de leves tres matinaux, je suis rentree faire une petite sieste avant d'aller au theatre d'opera et de ballet de Novossibirsk (tres grand et tres bel opera, appele le "Bolshoi de la Siberie" car plus grand que le Bolshoi de Moscou) avec Julie et Natasha.
En effet, avant mon arrivee a Novossibirsk, Natasha avait achete des places pour me faire decouvrir un ballet russe dans leur bel opera!
C'est ainsi que des 18h30 mes poils de bras s'herrisserent au son de la musique de Chopin et a la vue des toutes ses danseuses si grassieuses.
S'en suivi deux autres parties de spectacle: une partie tres breve sur l'histoire du prince Igor et representant la guerre qui eut lieu au Moyen Age entre les russes et les tatares (peuple musulman vivant au royaume de Tartarie au Sud de la Siberie); puis un ballet sur l'histoire de Sheherazade.
Des trois parties, j'ai prefere sans aucune hesitation la "chopinada", peut-etre parce que la musique m'a beaucoup touchee et que ce ballet classique me plongea dans une petite nostalgie du temps ou je pratiquais la danse classique et revais de devenir danseuse etoile!

- Vendredi 28 septembre: Supermarche et travail sur internet.

Cette semaine a Novossibirsk fut donc une semaine tres intense, pleine d'emotions, de rencontres avec des enfants, de decouvertes, d'etonnements, et surtout une semaine tres chargees et tres fatiguante qui me valut le droit de me reposer au cours d'un formidable week-end a la russe bien merite!

Une semaine dans l'ecole 162 d'Akadem Gorodok, une semaine dans la vie d'une famille russe











Le lundi 24 septembre, apres une breve visite a l'ecole 162 d'Akadem Gorodok (quartier de Novossibirsk situe a environ 45min en voiture du centre ville) pour rencontrer les professeurs de francais (car c'est une ecole specialisee ou tous les enfants apprennenent le francais des l'age de 7-8 ans), Irina m'emmena chez elle, dans l'appartement qu'elle partage avec ses deux filles (Natasha 23 ans et Julie 14ans), son mari Genia et leur chat gris Tisha.
Je m'installai ainsi dans cet appartement situe au 4eme etage d'une barre d'immeubles de la ville de Bersk (banlieue de Novossibirsk) et me reposai un peu le reste de la journee car une dure semaine m'attendait:

- leve 6h. douche. petit dejeuner a base de the, de pain, de brioche, de confitures (faites avec les fraises, les groseilles ou les cassis du jardin de la "datcha" = maison de week-end), miel, jambon, fromage, concombres, oeufs orange de poisson, et parfois la "kacha" (bouillie de cereales et de lait).

- 7h30: navette pour aller a l'ecole (environ 25 minutes de trajet) avec Irina et Julie (qui est en classe de 9eme, l'equivalent de notre 3eme). Natasha prend egalement la navette avec nous car son travail se situe quelques kilometres plus loin. Elle travaille dans le bureau de l'admisnistration d'Akadem Gorodok, s'occupe des mariages civils, des divorces, des deces, des actes de naissances, etc. Mais ce travail ne la satisfait pas entierement c'est pourquoi, trois fois par semaine, elle prend des cours du soir d'economie a l'universite.

- de 8h30 a 13h30 environ, interventions dans certaines classes du college pour presenter mon projet pendant les cours de francais et surtout permettre aux eleves de communiquer en francais avec une veritable francaise!
Mais surtout, observation et interventions dans la classe de 4eme B (equivalent de notre CM2) de Yelena Yourievna (Yourievna est son nom patronimique, car en Russie, on apelle les gens par leur prenom et le nom de leur pere legerement modifie plutot que par leur prenom et leur nom de famille).
Yelena Yourievna a ainsi accepte de participer au projet Eurasiecol avec sa classe et me permit donc d'observer ses cours et de mettre en place des activites avec les enfants (dessins et poupees de chiffon).
Pour en savoir plus sur le systeme scolaire en Russie, sur mes observations, et pour voir les travaux des enfants, je vous donne rendez vous dans la "partie ecole du monde" situee sur une autre fenetre du train...

- 14h (parfois plus tot): dejeuner a la cantine de l'ecole...

- apres-midi libres car en Russie les cours n'ont lieu que le matin. L'apres-midi est consacre aux loisirs ( Julie, par exemple, fait de la danse sportive tous les jours et de la gymnastique deux fois par semaine).

- soir: diner: "plov" (riz a l'agneau et aux carottes), ou poivrons farcis, ou puree de pommes de terre, ou ragout (steak hache, choux-fleur, haricots verts, carottes,...), et autres plats tous plus delicieux les uns que les autres et servis abondamment (ne venez pas en Siberie si vous souhaitez faire un regime!!!).
Longues discussions autour de la table avec Irina, Natasha ou Julie
ou patinage artistique ou concours de danses sportives (Tango, Valse, tchatchatcha, etc.) a la television.

mardi 2 octobre 2007

Le pot de miel et la "ptite vieille"

Pendant mes 54 heures de trajet de Moscou a Novossibirsk, mon ami le buveur de bieres kilometriques ne fut pas mon seul compagnon de route. A vrai dire, plusieurs "fournees" de collocataires de cabine se succederent entre les arrets principaux.
Les meilleurs arrivages furent sans aucun doute le 3eme et le 4eme.

Dans le 3eme, je fis la connaissance d'Irina, jeune fille de 23ans d'origine ukrainienne et vivant a Tioumen (Siberie) avec son mari, qui lui est d'origine tatare (peuple vivant dans la republique autonome du Tatarstan, au sud de la Siberie). Irina fut la seule personne parlant anglais que je rencontrai durant ce trajet en train.

Dans cette meme fournee se trouvait egalement un homme d'environ 35ans (vivant a Tobolsk pres de Tioumen), qui ne parlait pas un seul mot d'anglais ni de francais et pourtant il y eut un veritable echange entre nous. Constatant que je toussais beaucoup, il m'offrit un pot de miel provenant de sa ville pour soigner mon mal de gorge. Suite a cela, nous nous fimes decouvrir a tours de role les musiques que nous aimions, lui me faisant ecouter ses musiques russes preferees sur son telephone portable et moi lui faisant decouvrir la musique francaise et africaine sur mon lecteur mp3 (je crois qu'il a prefere la musique africaine...).

Dans le 4eme arrivage se trouvait une femme d'environ 65ans qui etait tres douee pour le langage des signes! Elle me parlait en russe mais faisait de grands gestes de telle sorte que j'arrivais presque toujours a comprendre ce qu'elle disait!
Comme toute bonne "babouchka" (mamie), elle m'ordonna de ne plus dormir la tete du cote de la fenetre pour soigner mon gros rhume et me fit les gros yeux lorsque je me promenais pieds nus dans le train. Elle me donna surtout des medicaments, et je du lui faire confiance les yeux fermes car tout etait ecrit en russe sur les emballages!

Une fois le train arrete en gare de Novossibirsk, je descendis du train, esperant que quelqu'un viendrait bien me chercher a la gare comme cela etait prevu... Finalement, apres quelques minutes d'attente dans le froid, je vis un homme qui se promenait de wagon en wagon demandant a chaque "provodnista" (hotesse de train) ou se trouvait la "francoujenka". il parvint ainsi jusqu'a moi avec sa feuille ou etait inscrit au feutre vert "Jennifer".
Il prit mon sac et je le suivis sur le quai de la gare sans trop savoir qui il etait ni ou il m'emmenait! Mais un peu plus loin, nous retrouvames sa femme Irina, la professeur de francais qui m'accueillit chez elle pendant toute la duree de mon sejour a Novossibirsk.
Lui, c'est Genia (Eugene), il est militaire (mais actuellement en vacances) et ne parle pas du tout le francais et seulement quelques mots d'anglais). Il est officier et dirige la brigade des pompiers, c'est pourquoi un homme en uniforme nous servira de chauffeur de la gare a l'ecole... Trajet pendant lequel Irina me presenta sa famille, sa ville et son histoire ainsi que celle de l'ecole dans laquelle j'allais intervenir pendant toute la semaine a venir.