mercredi 26 septembre 2007

Les "bieres kilometriques"

Vendredi 21 septembre 2007, 00h30:
Après ces trois jours passes a flaner dans les rues de Moscou, me voici en compagnie d’Olga et Yulik en train d’attendre sur le quai de la gare, dans le froid et le brouillard, l’arrivee de mes futurs compagnons de voyage... Yulik et Olga me font beaucoup rire mais je dois avouer que je suis un peu triste de les quitter et j’apprehende surtout de decouvrir le visage des trois autres occupants de mon « koupe » (cabine).
Et bien voila, le verdict est tombe. Trois jeunes hommes partageront avec moi ce debut de voyage. A peine installes dans le train, les voila deja en train de boire. Aucun d’eux ne parle francais ni anglais. J’ai comme l’impression que ce debut de voyage va etre long...
Apres quelques bieres (dont ils me font profiter) et de longues discussions animees, les voici qui vont enfin se coucher ! Il etait temps car a 3h du matin, je commencais vraiment a etre fatiguee...

Le lendemain matin, lorsque j’entrouvre mes paupieres, mon regard se pose d’abord sur les grandes forets de bouleaux qui defilent derriere la vitre, puis s’arrete soudain sur mon voisin d’en face qui est reveille depuis longtemps semble-t-il puisqu’il en est deja a sa deuxieme biere (et il n’est que 7h du matin). Tres alourdies par cette nuit trop courte, mes paupieres se referment de suite.
S’en suivront plusieurs heures de sommeil leger, entrecoupees par de bref « leves de rideaux » sur ma cabine :
8h39 : grandes pleines marecageuses et forets de bouleaux. 4eme biere pour mon voisin.
9h43 : petits villages avec maisons de bois. 6eme biere.
11h12 : arret dans une grande gare. 7eme biere.
14h : descente du train des deux autres hommes de la cabine. 11eme biere.
Et ainsi de suite... Mon voisin engloutit ainsi une bonne quinzaine de bieres.
Telles des bornes kilometriques, ses bieres marquaient un nouvel arret en gare ou l’apparition d’un nouveau paysage et rythmerent ainsi toute la premiere partie de mon voyage. A chaque biere supplementaire, le visage de mon compagnon de train se faisait de plus en plus livide et ses yeux devenaient de plus en plus rouges et inertes. Il se mit a me parler tres rapidement en russe, repandant dans la cabine sa terrible haleine aux odeurs de biere chaude, tandis que de mon cote, je me contentais de repondre « da, da » (oui, oui) sans trop respirer par le nez! Finalement, a 16h, le train s’arreta et mon compagnon buveur de bieres m’annonca qu’il descendait a cet arret. Il partit en me baisant la main, puis, baluchon sur l’epaule, s’avanca en zigzaguant vers sa femme qui l’attendait sur le quai de la gare et l’etreignit tendrement.

vendredi 21 septembre 2007

Changement de programme...

Olga et moi avons malheureusement mal lu les horaires de train sur le billet... je ne pars pas samedi soir mais ce soir (vendredi) a 00h35...
je vais donc essayer de profiter au maximum de cette journee (ensoleillee qui plus est!).
Mon sejour a Moscou aura malheureusement ete un peu trop court...

On se rretrouve donc a Novossibirsk dans quelques jours...
a tres bientot!

(PS: je rencontre quelques soucis pour mettre des photos avec les articles... je vais tenter d'arranger ce probleme au plus vite)

J'ai faim!











17h00 : promenade « photographique » dans les rues. Mais une faim terrible me prend à tel point que je sens que je vais finir par tomber et que manger devient ma seule préoccupation ! Heureusement je tombe nez a nez avec un Mac Donald, seul endroit ou l’on parle une langue universelle et ou je peux me faire comprendre : « Big Mac, potatoes, Coca-Cola ». Et encore ! Pour ce qui est des potatoes, la caissière ne comprenant pas, j’ai du passer derrière le guichet pour lui montrer des potatoes en photo !
Il est des moments comme celui-ci ou j’aimerai savoir parler toutes les langues du Monde !

L'administration russe...

Jeudi 20 septembre 2007, 14h00. Arrivée à la poste avec Olga pour faire enregistrer mon visa ! En Russie, les touristes doivent faire tamponner leur carte d’immigration dans chaque ville ou ils restent plus de 3 jours… Et ce n’est pas une mince affaire ! Au choix : soit vous payez 1050 roubles (30 euros. 1 euros vaut environ 35 roubles) a une agence de voyage pour qu’elle se charge d’enregistrer votre visa, soit vous le faites vous-même, accompagne du propriétaire du logement dans lequel vous etes et vous perdez une bonne partie de votre après-midi… Nous avons choisi cette deuxième solution… et heureusement qu’il y avait cette adorable femme au guichet qui a accepte de nous aide car si il n’y avait eu que ses collègues, nous y aurions sûrement passe la journée !

L'aviateur chinois


A 19h30, après une après-midi pleine de photos, de marche, d’émerveillement, d’étonnement, de surprises, de rencontres, je retrouve Olga. Nous allons dans un « club » (bar/restaurant a la mode avec parfois des concerts, des lectures de poèmes, etc…) nomme l’aviateur chinois. C’est un endroit très chaleureux. Sur les différentes tables surplombées par de vieux abat-jour, certains travaillent sur leur ordinateur, d’autres discutent entre amis d’autres mangent… On se croirait dans les années 40 (si on omet les ordinateurs !) : papiers peints et nappes fleuris, lumières tamisées, fumée, femmes aux longues cigarettes…
J’en apprends un peu plus sur Olga ; elle est issue d’une famille d’écrivains et de poètes. Son mari, Youli, est lui-meme poète. Je le rencontrerai dans quelques jours, quand il reviendra de son voyage d’affaires. Olga vit dans le même immeuble que ses parents. (A Moscou, beaucoup vivent dans le même appartement que leurs parents. Par contre, d’après Olga, les appartements communautaires, partages par plusieurs familles, n’existent plus ou sont devenus extrêmement rares).
Axana, une amie d’Olga nous rejoint. Elle parle aussi français. Elle est styliste pour le magasine Madame Le Figaro en Russie, mais également sculpteur et poète.

« Izvinitie, ya francoujenka, ya nie gavarrou po-russki ! »











14h30 : promenade seule, au hasard des rues. Je me fond apparemment bien dans la masse et doit avoir l’air russe car beaucoup me demandent (en russe !) leur chemin (moi qui suis moi-meme bien incapable de trouver le mien dans cette grande ville) ! Heureusement, dans le train, Elena m’avait appris une phrase qui fonctionne a tous les coups : « Izvinitie, ya francoujenka, ya nie gavarrou po-russki » (= pardonnez moi, je suis française, je ne parle pas russe)>

Promenade donc sur les grands boulevards moscovites ou les églises orthodoxes avec leurs dômes bulbeux, les panneaux publicitaires, les trolleybus et les fils électriques sont rois !
Je flâne ainsi tout l’après-midi entre ces grands bâtiments aux couleurs pastelles, tentant de temps en temps de traverser ces grands boulevards (sans me faire renverser par ce débit incroyable de voitures !) et de trouver la place du Kremlin ! Heureusement, en chemin je rencontre une jeune estonienne, Galina, qui vit a Moscou depuis deux ans (car elle a du suivre son mari). Celle-ci, d’une immense gentillesse et ravie de parler avec une française, m’emmènera directement jusqu'à la place de la révolution, devant le kremlin, ou je resterai une bonne partie de l’après-midi a observer les passants sous le soleil et la chaleur moscovite (25 degrés !!! c’est l’été indien, ou plutôt, « l’été des femmes » comme ils l’appellent ici).

Miam!

Que mange-t-on en Russie ?
Ce midi Olga m’a emmène dans une chaîne de restaurants ou on mange des plats typiquement russes. J’ai donc eu une première réponse à cette question…
Au menu :
- Entrée : gélatine a la viande avec sauce a l’ail (personnellement, je ne suis pas fan !); salade de betterave et petits pois.
- Plat : « crêpe » a la viande et « crêpe » au fromage blanc et raisins secs.
- Dessert : fromage blanc avec compote de fruits et céréales.
- Boisson : grand verre de jus de fruits rouges (airelles je crois)
Zut, j’ai oublie de prendre une photo de mon plateau…

Bienvenue a Moscou!





09h20 : arrivée a la gare de Moscow Belarusskaya. Des ma sortie du train, je suis accueillie par Olga (amie d’un collègue de ma mère), femme d’une quarantaine d’années qui a fait son doctorat de littérature a la Sorbonne (sur les manifestations de la paranoïa dans les écrits de certains auteurs russes). Elle a accepte de m’héberger chez elle pour la durée de mon séjour a Moscou ! Nous partons déposer mon sac chez elle. Je dormirai sur le canapé situe dans la cuisine.
Nous repartons ensuite pour aller acheter mon billet de train pour Novossibirsk (en Sibérie) à la gare. Heureusement qu’Olga est la, je me demande bien comment j’aurai fait sinon ! Les femmes aux guichets ne parlent pas un seul mot d’anglais et tout est écrit en cyrillique partout !
Je partirai donc samedi a 00h30 de Moscou et arriverai lundi matin (après 36 heures de train) a Novossibirsk (ou je serai hébergée chez une enseignante de français et ou m’attend la première école de mon périple !).

Douche dans le train!

08h00 (06h00 en France) : Pour tout long voyage en train, l’utilisation du système D est de rigueur ! Douche improvisee dans les toilettes du train avec des bouteilles d’eau (heureusement, l’Afrique m’avait déjà plus qu’habituée a ce système !), thé dans des bouteilles en plastique en guise de tasse,… Le tout au rythme de la musique russe qui s’échappe de la couchette du « provodnist ».

Bonjour la Russie!







Mercredi 19 septembre, 05h50 : Au fil des kilomètres, les forets de bouleaux cèdent peu a peu la place aux grandes forets de conifères, signe les températures descendent avec la prise de latitude… Une fine brume effleure l’herbe des prairies et caresse les maisons toutes de bois vêtues. Et c’est ainsi qu’a 6 heures du matin, j’assiste, depuis ma couchette, a un fabuleux spectacle : « lever de soleil jouant avec d’immenses bans d’oiseaux au-dessus des campagnes russes ». Tableau magique. Bonjour la Russie !

De la france a la Russie: 6 pays en 2 jours!







Lundi 17 septembre 2007, 15h55, Gare du Nord, fermeture automatique des portes du train Thalis qui m’emmènera jusqu'à Koln (Cologne, en Allemagne). Les portes de mes glandes lacrymales quant à elles ne se sont pas encore fermées. A travers le hublot de la porte je regarde le quai et le « cortège » (parents et amis) qui était venu m’accompagner jusqu’au train… Quitter les gens que l’on aime pendant plusieurs mois n’est pas une épreuve facile, d’où mes larmes… Mais derrière ces larmes, au fond de mon cœur se cache un immense bonheur, je sens que je vais vivre quelque chose d’extraordinaire, je pars sur les chemins de mes rêves et j’ai la chance d’emporter avec moi beaucoup d’amour et toute la force et le courage que m’ont transmis mes proches avant mon départ.

Pendant 4h, le train traversera donc, sous le ciel gris, la campagne française puis la Belgique, Bruxelles et ses maisons typiques en briques rouges.

19h47 : arrivée a Koln. Ma correspondance pour le train en direction de Moscou n’est que dans une heure. Je sors donc m’aérer un peu sur le parvis de la gare et tombe nez a nez avec une immense cathédrale triste et sombre. Je resterai ainsi a l’admirer pendant un long moment (a l’abri d’un grand parasol qui me protège des trombes d’eau que déverse le ciel) avant d’aller m’acheter quelques provisions pour les 34 heures de train qui m’attendent.

21h17 : montée dans le train couchette pour Moscou. Il n’y a que des filles dans mon wagon, a l’exception des deux « provodnist » (= « hôtesses masculins du train » russes et ne parlant pas un seul mot d’anglais, comme la plupart des autres personnes du wagon d’ailleurs !). Par chance, je partage mon « koupe » (= compartiment) avec une jeune moscovite de 20 ans, étudiante en 3eme année de journalisme a Moscou, qui parle très bien français (et revient d’ailleurs de trois semaines dans la région de Bordeaux). Cette jeune russe, Elena, me sera d’une grande aide pour communiquer puisqu’elle me servira « d’interprète » pendant ce voyage en train et m’apprendra quelques phrases salvatrices en russe !
Dans ma cabine se trouve également une jeune biélorusse de 26ans, Julie, qui vit et travaille à Minsk. Contrairement à toutes les personnes de ce wagon, elle parle très bien anglais ! Quelle chance j’ai eu de tomber sur ces deux filles ! Je dois avoir une bonne étoile qui veille sur moi…


Mardi 18 septembre, 4h du matin… passage de la frontière polonaise… contrôle des papiers ! Ajoutez a cela tous les réveils en sursaut lorsque le train freine brusquement ou qu’il en croise un autre, vous obtiendrez une nuit de sommeil très hachée !

09h00 : derrière la fenêtre : la campagne polonaise sous le soleil.
Je commence à trouver mes marques dans ce train ou tout le monde se promène en jogging ou pyjama et claquettes avec sa tasse de thé !
Apres le thé, nous parlons politique avec Elena et Julie. C’est assez amusant de voir ce qui arrive aux oreilles des étrangers concernant la politique de la France ; elles semblent bien connaître Sarkozy mais n’entendent apparemment pas que du bien sur lui et sa politique !
Julie me parle un peu de son pays (la Biélorussie) et de leur président qui s’est accapare le pouvoir depuis dix ans et refuse d’organiser des élections pour renouveler le gouvernement…
Quant a Elena, elle m’explique, entre autre, qu’en Russie les medias sont très controles par leur président (Vladimir Poutine), la télévision en particulier… la presse écrite par contre semble être un peu plus libre, grâce notamment a un milliardaire anti-poutine qui a beaucoup de pouvoir en Russie et a acheté plusieurs journaux et tente d’organiser une révolution contre le président (il a d’ailleurs été expulse de la Russie et vit maintenant a Londres).

14h : sortie de Pologne, contrôle des papiers. Long arrêt…
Quelques centaines de mètres plus loin, frontière de la bielorussie, contrôle des papiers, du visa de transit et des bagages. Long arrêt…
La température monte dans le wagon, le soleil tape sur la carlingue d’acier du train, il fait 29 degrés dans notre « chambre ».
Quelques centaines de mètres plus loin, arrêt dans un garage pour changer les « roues » car les rails biélorusses et russes sont plus écartes.
Quelques centaines de mètres plus loin, arrêt prolonge dans une gare.
Bilan : quand on voyage en train, mieux vaut ne pas être presse ! (Ça tombe bien, je ne le suis pas !) Les paysages défilent lentement, comme le minuscule filet d’eau du robinet des toilettes : la campagne, les champs de citrouilles, quelques forets de bouleaux, quelques petites maisons en bois fonce (ou briques blanches) avec toits de taule et portes et contour des fenêtres bleus cyans, des vieillards assis devant, une femme qui berce son enfant, un vieil homme qui longe les rails a vélo, une petite ville de temps en temps avec une gare ou le train se sent comme oblige de s’arrêter a chaque fois pendant de longs moments, alors que personne ne monte ni ne descend, a part ces femmes qui tentent de nous vendre a boire et a manger mais qui se font aussitôt poursuivre et évacuer.